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Arlon : le chef Julien Lapraille au menu de l’Abri de nuit, avec des produits invendus

Joli cadeau pour les dix ans de l’Abri de Nuit arlonais, qui continue à faire le plein de sans-abri nuit après nuit. Le chef coq Julien Lapraille prépare toute cette semaine un repas entrée-plat-dessert avec des invendus d’un commerce habaysien.

L’Abri de Nuit est le seul lieu où des gens sans logement peuvent trouver un lit, en province de Luxembourg, du 1er octobre au 30 avril. Cette initiative est née voici dix ans et n’a cessé de répondre à des besoins de plus en plus criants à ce niveau. Depuis les premières années, la période d’ouverture de cette initiative d’instigation purement communale a grandi. Une initiative qui, par ailleurs, ne pourrait se dérouler sans l’aide d’une centaine de bénévoles qui se relaient chaque soir pour accueillir les sans-abri et gérer cette institution.

Arlon aimerait bien un relais complémentaire

L’an prochain, elle se prolongera même jusqu’au 31 mai, comme l’exige la Région wallonne qui octroie désormais 60.000 euros de subsides pour son fonctionnement. Le bourgmestre Vincent Magnus rappelle que de son côté, la Ville met les locaux à disposition ainsi que deux membres de son personnel. Et de lancer un appel « à la solidarité provinciale pour que d’autres structures voient le jour dans la province et que tout ne repose pas que sur Arlon. »

C’est que les besoins sont bien là : 150 personnes différentes, 131 hommes et 19 femmes, ont été aidées en 2018 par l’Abri. Et les 16 lits dédiés aux hommes et 4 aux dames ne sont parfois pas suffisants. « Il faut parfois tirer les cartes pour choisir les candidats, quand ils sont 30 devant la porte à 20h30, explique la directrice Hélène Kergenmeyer. Autant dire que ce n’est pas de gaieté de cœur pour des personnes qui viennent pour moitié de la région arlonaise, les autres venant parfois de toute la Wallonie et de Bruxelles. Ils se débrouillent alors pour trouver un coin « protégé » dans un endroit public ou non. Cette misère est dramatique. »

Sept jours de repas chauds et complets

Petite éclaircie dans cet horizon noir, le chef Julien Lapraille a décidé de leur concocter durant toute cette semaine un repas complet. Ainsi ont-ils pu goûter à une soupe aux champignons, un vol-au-vent, un rôti orloff, une tarte au fromage blanc et autre mousse au chocolat.

« Tous les ans, je participe à une ou plusieurs activités de solidarité, dira le Marbehanais, car j’estime que si j’ai de la chance de vivre un rêve de par mes activités, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Et il y a des activités peu connues qui méritent vraiment d’être aidées, comme l’Abri de Nuit, d’autant plus qu’il est situé en Luxembourg où je ne suis jamais intervenu. C’était le moment. J’ai contacté le bourgmestre, la directrice, puis un ami qui gère le Carrefour Market de Habay, et tout est parti comme cela. Je récupère les invendus et je les prépare chez moi pour chaque repas du soir, durant 7 jours. Mais ce ne sera pas un one shot. On réfléchit à réaliser un repas grand public sur réservation, les bénéfices servant à l’achat d’une machine à laver industrielle bien utile à ce type d’infrastructure. »

Tout le monde y gagne, car « trop peu de produits invendus trouvent une issue positive, estime le gérant du magasin. Les normes d’hygiène sont trop strictes en termes de transport, de date de consommation, etc. Ils sont donc détruits. C’est vraiment regrettable car il y a tant de gens qui en ont besoin, alors que ces produits restent consommables sans danger ! »

En dehors de cette semaine spéciale, l’Abri fonctionne avec quelques invendus, mais surtout des dons de commerçants, comme ce boulanger qui apporte chaque jour ses pains et viennoiseries de la veille, ou des particuliers qui apportent une casserole de ceci ou de cela. Mais outre la soupe communale, les repas chauds ne sont pas quotidiens. Par ce temps humide, autant dire que cette semaine en menu « Lapraille » est une bénédiction !

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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