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Halte à la chasse aux mendiants !

Vingt-neuf juillet dernier. 17 h. La Première : sur un ton presque enjoué, le journaliste de service annonce quasi fièrement que les arrestations de mendiants par la police de Liège ont augmenté de 50 % cette année.

Suit un reportage : un commissaire de police de la Cité ardente confirme effectivement une forte augmentation des arrestations de mendiants, croyant utile de préciser qu’il y a parmi eux une majorité (65 %) de Belges. Un de tableau de chasse, en quelque sorte…

À Liège, un règlement communal interdit certains quartiers aux mendiants. Et les policiers arrêtent donc les malheureux qui, par ignorance ou par attrait des endroits achalandés, enfreignent l’interdiction !

En 1995, la Ville de Bruxelles avait prohibé la mendicité sur tout son territoire de manière permanente, mais elle se fit crosser par le Conseil d’État qui annula son règlement de police, sur requête de la Ligue des droits de l’homme.

Des règlements semblables ont été pris à Gand et à Bruges. Sans être attaqués : dommage !

À Liège, on louvoie en interdisant les mendiants dans certains quartiers et à certains moments. C’est le cas aussi à Sprimont, par exemple, où l’interdiction vise le site des pèlerinages de Banneux.

En apprenant qu’en s’appuyant sur ces interdictions communales, les pandores locaux s’autoriseraient à faire du nettoyage « au Karcher » (à la mode sarkozienne) en emmenant au cachot les malheureux contrevenants, je me suis demandé si j’hallucinais ou si la canicule de juillet dernier avait des effets délétères sur les neurones policiers !

A l’interrogation blasée du bourgeois effarouché : Mais que fait la police ?, nous avons à présent une réponse : elle fait la chasse aux pauvres. Ce sport est assez ancien : à défaut de supprimer la misère, les sociétés balancent, à l’égard de la mendicité, de la tolérance à la répression.

La culture islamique prône la tolérance parce que le Coran fait de l’aumône une obligation pour tous les musulmans qui en ont les moyens. Pendant la plus grande partie de l’histoire de l’Europe, la réponse juridique a été l’acceptation, sous l’influence de l’Église catholique.

La répression est apparue, en Occident, avec l’essor des villes : Philippe Le Bon interdit la mendicité à toute personne en état d’exercer un métier. En 1515, Charles Quint ordonna l’expulsion hors de ses provinces de tout mendiant valide. En Angleterre, les lois d’Elisabeth Ire sur les pauvres furent des modèles de répression.

On attendit, en Belgique, jusqu’à la fin du XXe siècle (1993 exactement) pour sortir les mendiants et les vagabonds des prisons, faussement appelées, pour la cause, dépôts de mendicité. On était fier à l’époque de proclamer qu’être pauvre n’était ni un vice ni un délit ! Il n’a pas fallu des lustres pour qu’opère la gangrène réactionnaire qui, par souci d’assainir les beaux quartiers, invoque le mythe du mendiant riche – Vous savez que ces gens touchent de grosses allocations familiales en plus du minimex, ma bonne dame ! – ou assène le constat que les quémandeurs, et même le simple spectacle de la misère, rebutent et détournent les touristes en goguette ou les fourmis acheteuses.

La loi du 12 janvier 1993 qui a libéré les mendiants et les vagabonds de la chape répressive se voulait « un programme d’urgence pour une société plus solidaire ». C’est violer cette loi que de faire à nouveau des mendiants des « hors-la-loi ». C’est la misère qu’il faut mettre hors la loi, pas les paumés, ni les exclus.

Et notre opulente société en a largement les moyens, quoi qu’on dise – ainsi, on a gaspillé six millions d’euros (!) pour fêter les 175 ans de la Belgique, sur l’avenir de laquelle plus personne n’oserait vraiment parier…

Le fait qu’on puisse fonder des règlements sur l’idée que les pauvres « dérangent » ou « incommodent », par leur seule présence ou leurs mains tendues, me donne des haut-le-coeur. Nos sociétés fabriquent des parias et voudraient, de surcroît, les camoufler ! Nous nous sommes tous un jour ému du sort d’Oliver Twist. Alors pourquoi pourchasser ses héritiers pour des raisons bassement mercantiles, dissimulées sous le voile hypocrite – et cruel – de l’« ordre public » ?

Jean-Marie Dermagne

Avocat, administrateur de la Ligue des droits de l’homme

 

http://www.lesoir.be/archive/recup/%25252Fhalte-a-la-chasse-aux-mendiants-_t-20051003-001FU6.html#

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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