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Dispositif d’accueil des sans-abris : la Ville de Bruxelles lance un appel à la solidarité entre communes

La Région fait passer le nombre de places d’accueil de nuit à 3.374 places et prolonge cette capacité au minimum jusqu’en juin 2021. La Ville de Bruxelles souhaite, pour sa part, une répartition plus équilibrée de l’effort sur le territoire régional.

Le grand public a pris l’habitude d’avoir chaque année l’annonce d’un dispositif spécial d’accueil hivernal pour sans-abri. Certains Bruxellois s’étonnent donc de l’absence cette année de communication des autorités régionales. L’année passée, l’activation officielle du plan d’urgence régional a ainsi eu lieu dès la mi-novembre. Il s’agissait à l’époque d’une capacité de 3.200 places disponibles jusque le 30 avril 2020. L’absence d’annonce ne signifie pourtant pas l’absence de plan d’accueil. Au contraire, l’objectif actuel est “d’avoir un plan annuel et plus par un plan par saison”, explique François Bertrand, directeur de l’organisme bruxellois Brussels’help.

En réalité, le nombre actuel de places d’accueil s’avère plus élevé qu’en 2019. Aux 3.024 places prévues cette année, s’en rajoutent 200 autres destinées aux personnes sans-abri infectées par le Covid-19. “Il y a deux sites de confinement médicalisé: un Place du Jeu de Balle géré par Médecins Sans Frontières et un autre rue Marché aux Poulets géré par la Croix-Rouge”, explique François Bertrand. Quelque 150 places sous la forme d’un projet d’insertion durable avec un hébergement dans des studios et des appartements viennent complèter le dispositif. Le chiffre total monte donc à environ 3.374 places.

711 personnes hébergées par le secteur hôtelier

Le type d’hébergement représente une autre différence majeure par rapport à l’année passée. Trois centres de grande capacité du Samusocial occupaient à l’époque une place centrale au sein du dispositif. La crise du Covid-19 a rebattu les cartes. “Ces trois centres, ceux de Poincaré, de Botanique et d’Evere, ont des lits superposés et d’immenses dortoirs. Avec l’épidémie, ces endroits auraient été les premiers touchés et auraient pu devenir des clusters. Il a fallu sortir la moitié des personnes de ces centres pour les répartir là où les règles sanitaires étaient plus facilement tenables”, explique Brussels’help.

Huit hôtels hébergent donc aujourd’hui une partie de ces sans-abri. Parmi ceux-ci, se trouvent The President Brussels Hotel et le Train hostel. “711 de ces places sont organisées dans des hôtels et des auberges. Ces dispositifs hôteliers actuellement réquisitionnés en collaboration avec plusieurs communes seront prolongés jusqu’au 30 juin 2021 au minimum”, commente le cabinet du ministre bruxellois de l’Action sociale Alain Maron (Ecolo). “Cela se passe vraiment en bonne entente. Cela permet aussi aux hôtels de jouer un rôle citoyen tout en ayant un défrayement pour les frais que cela occasionne évidemment”, complète Rodolphe Van Weyenbergh, de la Brussels Hotels Association,

Housing First: une capacité quasi doublée

Les 3.374 places mentionnées ci-dessus ne prennent par ailleurs pas en compte celles du projet Housing First. Mis en place depuis cinq ans, celui-ci vise à offrir à des sans-abri particulièrement vulnérables un logement durable et un accompagnement psycho-médico-social sur-mesure pour les sortir de la rue définitivement. Le nombre de prises en charge est passé, en un an, de 104 à 200, explique le cabinet d’Alain Maron: “On a presque doublé la capacité en un an. 5,75 millions sont dégagés en 2021 pour augmenter le nombre de logements accessibles”. D’ici la fin de la législature, le gouvernement bruxellois entend faire au moins passer à 400 le nombre de places de ce type.

A noter que parmi les 3.374 places d’accueil, 150 places se rapprochent fortement de cette philosophie. Une quarantaine de places sont déjà ouvertes, depuis octobre dernier. Financé dans le cadre du plan de relance et de redéployement du gouvernement, le projet sera pleinement opérationnel d’ici février prochain. “Cela ressemble au Housing First au niveau de la méthode. Il s’agit en effet de faire un sans-abri de la rue à un logement. Il y a aussi un accompagnement social intensif. Ce sont les critères de sélection qui changent légèrement. Cela peut être des personnes hébergées dans des hôtels ou au Samusocial”, explique François Bertrand.

La Ville de Bruxelles demande plus de solidarité

En conférence des bourgmestres, le bourgmestre bruxellois Philippe Close (PS) a demandé ce mercredi matin une cartographie de la Région bruxelloise en termes de places dédiées aux gens dans le besoin. Objectif: évaluer dans quelle mesure la répartition est homogène sur le territoire régional. “Il s’agit d’une demande adressée à toutes les communes de prendre un petit peu plus de centres ou d’hôtels sur leur territoire. C’est clairement un appel à la solidarité entre communes, sachant qu’à la Ville, on a plus ou moins 2.000 places assurées pour les gens dans le besoin”, explique sa porte-parole Wafaa Hammich.

“On a 60% de l’aide urgente médicale du pays qui vient du CPAS de la Ville de bruxelles. On prend déjà une grande part. Ce que Philippe Close a juste dit, c’est qu’il y a une concentration des places d’accueil et qu’il aimerait bien que l’ensemble des communes de la Région prennent leur part”.

Les autres communes estiment déjà prendre leur part

Il ressort d’un rapide coup de sonde auprès de plusieurs localités que la demande de la Ville est trouvée légitime, mais qu’en même temps les communes estiment déjà faire des efforts en termes d’aide aux personnes dans le besoin. “C’est logique qu’il y ait une solidarité entre communes. Cela me semble normal et je pense qu’il n’y a pas de débat là-dessus. Si Uccle peut encore prendre davantage sa part ? On le fait déjà. On peut parfois avoir tendance à penser de manière cariturale qu’Uccle est une espèce de ghetto de riches. Ce n’est évdiemment pas le cas. L’aide sociale représente 20% de notre budget. Il y a un réel travail qui est fait, notamment concernant le sans-abrisme via le CPAS”, réagit le maïeur ucclois Boris Dilliès (MR).

Du côté de Woluwe-Saint-Pierre, on dit prendre note et ne pas trouver inintéressante la demande de cartographie. “Je n’avais pas entendu cet appel à la solidarité, mais pourquoi pas. On est ouvert à la discussion à ce sujet. J’ai bien entendu la demande de cartographier ce qui existe pour savoir ou tout ça est localisé.Après qu’on se mette autour de la table si nécessaire si on voit qu’il manque des places. Je n’entends pas de communes qui ne seraient pas ouverte à ce genre de discussion”, indique son bourgmestre Benoît Cerexhe (CDH).

A Schaerbeek, sans donner de noms, le cabinet de la bourgmestre f.f. Cécile Jodogne (Défi) affirme toutefois que certaines communes pourraient en faire davantage. “Il est aujourd’hui fondamental que toutes les communes se mobilisent, pas juste Schaerbeek, une des communes les plus pauvres de Belgique, Saint-Josse ou Bruxelles-ville pour ne citer que celles-là. D’autres communes se mobilisent très fort aussi. Certaines disent un peu ‘Vade retro satana’ et rejettent un plus les pauvres. On n’en voit pas beaucoup dans certaines communes”, indique son cabinet.

“Accueillir le Samusocial: une charge pour la commune”

Au-delà des initiatives communales, l’installation sur son territoire d’un centre subsidié par la Région représente aussi une coût pour la commune, éclaire la bourgmestre molenbeekoise Catherine Moureaux (PS). “On a accueilli, il y a deux mois et demi, le centre du Samusocial réservé aux femmes. Quand il nous été demandé d’acccueillir des initiatives d’hébergement de sans-abri, on l’a fait et on le fera encore. Evidemment quand vous hébergez sur votre territoire des initiatives comme celle-là, cela veut dire qu’il y a éventuellement des surcoûts au niveau du CPAS, au niveau des services de prévention. Il y a toutes sortes de choses derrière”.

Devenue bourgmestre voilà deux ans, la socialiste expplique avoir rapidement investi dans un nouveau service d’accompagnement du sans-abrisme. “Il est logé dans le service médiation et fonctionne notamment avec des maraudes. Il y a un travail transversal mené avec le CPAS, des gardiens de la paix et différents services, y compris des ASBL. Il permet d’avoir une intervention assez rapide sur l’espace public chez nous.”

Le nombre de sans-abri ne cesse d’augmenter

La capacité d’accueil s’avère certes plus élevée que l’année passée. Le nombre de sans-abri représente toutefois un phénomène globalement en hausse. En 10 ans, le nombre de sans-abri et personnes mal logées a plus que doublé dans la capitale, rapportait, en novembre 2019, la revue scientifique Brussels Studies. A l’automne 2018, 4.187 personnes avaient été dénombrées comme sans-abri, sans logement ou vivant dans un logement inadéquat.

Le nouveau gouvernement mise donc beaucoup sur le mécanisme du Housing First. Environ 90% des personnes fragilisées qui en bénéficient à Bruxelles ne retournent plus à la rue, indiquait, en juin 2018, la Région. Reste sans doute à évaluer à terme le projet à une plus grande échelle. Et à voir dans quelle mesure une généralisation s’avère possible. Pour un budget de 2,3 millions d’euros, quelque 200 personnes sont aidées en 2020. Un chiffre loin d’être anodin mais toutefois loin de celui de 4.000 sans-abri recensés dans la capitale.

Source : BX1

J. Th. – Photo: Belga/Bruno Fahy

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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