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Expulsée de son logement avec sa fillette, Nadine raconte sa descente aux enfers: « Lorsque j’ai atterri dans un centre pour SDF, j’ai pleuré, pleuré, pleuré »

Nadine, mère d’une fillette de 6 ans, traverse une période difficile. Après avoir quitté son logement social, elle s’est brouillée avec son propriétaire qui l’a expulsée. « Si aucun ami ne m’héberge, je dors dans ma voiture ou je vais à l’hôtel si j’ai encore assez d’argent », confiait cette mère de famille désemparée qui a finalement pu obtenir une place dans une maison d’accueil.

Récemment, la vie de Nadine (prénom d’emprunt) a basculé. « Je vis désormais dans la rue avec ma fille de six ans », nous a écrit cette mère de famille via notre bouton orange Alertez-nous. Il y a encore quelques mois, la quarantenaire vivait avec sa fille dans un logement social à Liège. Mais après une succession d’évènements, Nadine est aujourd’hui sans-abri. « Jamais je n’aurais imaginé me retrouver dans cette situation », admet cette ancienne animatrice socio-culturelle et puéricultrice aujourd’hui à la mutuelle en raison de soucis de santé.

Une décision qui a tout fait chavirer

L’an dernier, Nadine vivait avec sa fille dans un logement social dans une commune de l’agglomération de Liège. Mais la proposition d’un ami est venu changer la donne. « Un ami, propriétaire de plusieurs logements, m’a proposé de m’installer dans l’une de ses maisons gratuitement, raconte-t-elle. Il m’a dit que ça me ferait du bien de vivre à la campagne« . Séduite, Nadine quitte son logement social et s’installe dans cette nouvelle demeure en compagnie de sa fillette. Mais l’installation ne se passe pas comme espéré, et en quelques mois, le rêve vire au cauchemar.

La maison magnifique est en réalité insalubre

Nadine a fait confiance à son ami et le paiera cher. Quelques semaines après son installation dans la maison qu’il promettait « magnifique« , des traces d’humidité seraient apparues un peu partout. Cette moiteur s’infiltre jusque dans les affaires personnelles de Nadine. « Mes livres ont commencé à pourrir, affirme-t-elle. J’ai dû tout jeter, même des vêtements. Il avait beaucoup plu cet été-là« .

La locataire se plaint, et au fil du temps, les relations avec le propriétaire se détériorent. Nadine fait alors appel à la Région wallonne pour l’aider. « Leurs experts ont conclu à l’insalubrité du bâtiment!, s’étonne Nadine. L’électricité était non conforme, la citerne à mazout non plus. Je ne m’attendais pas à ça. En réalité, le propriétaire avait caché tous les vices en repeignant avant mon arrivée ».

Elle perd sa priorité pour les logements sociaux

De son côté, le propriétaire réplique et obtient un ordre d’expulsion à l’encontre de Nadine. Il faut partir. Problème? En quittant son logement social, Nadine a par la même occasion perdu sa priorité sur les autres candidats à un logement social. Si elle veut en retrouver un, elle doit introduire un nouveau dossier et se retrouve de facto dans une liste d’attente. « Il y a toute une série de conditions à remplir, confirme Luc Gillard, directeur-gérant de la Maison Liégeoise, principal opérateur institutionnel de la politique du logement public en Wallonie. Pour être candidat à un logement public, on tient notamment compte de vos revenus, de votre situation familiale, de l’insalubrité de votre logement actuel. Et pour vous attribuer un logement, on tient aussi compte de l’ancienneté de votre demande« .

Il existe des cas d’urgence sociale qui permettent de « déroger à la règle du système de points« . Mais d’après Nadine, son cas n’entrait pas dans cette catégorie.

« Je me suis retrouvée à la rue du jour au lendemain »

Résultat: impossible de retourner dans un logement social, du moins, pas tout de suite. De plus, Nadine n’a à ce moment-là pas les moyens de se payer un loyer, ni de payer une garantie locative. « C’est comme ça que je me suis retrouvée à la rue du jour au lendemain« , soupire-t-elle. Pour préserver sa fille, Nadine réagit rapidement: elle quitte la province de Liège et se rend à Bruxelles, où vit le père de son enfant. « J’ai confié ma fille à son père pour qu’il la loge, relate-t-elle. Lui et sa compagne ont accepté ».

Quant à ses affaires, elles sont placées dans un garde-meuble. Une fausse bonne idée pour Nadine qui a dû débourser une somme faramineuse. « Cela m’a coûté 1.500€ et je suis encore en train de payer la facture », regrette la quarantenaire.

Sa première venue dans un centre pour personnes sans-abri est très difficile: « J’ai pleuré, pleuré, pleuré »

Sans argent, Nadine ne parvient plus à se nourrir comme elle en avait l’habitude. Sur les conseils du père de sa fille, elle se rend dans un centre pour personnes sans-abri. Là, Nadine peut se nourrir pour deux euros seulement. Une étape très difficile à vivre pour la quarantenaire. « J’ai pleuré, pleuré, pleuré, se souvient-elle. J’ai vraiment mal vécu cette première journée dans ce centre. Je n’aurais jamais cru que j’en arriverais là ».

Un ami la « met à la porte » car elle « refuse de coucher avec lui »

Hébergée chez des amis, Nadine a observé les limites de cette entraide. « Ils commencent à en avoir assez et me disent qu’il est temps que je trouve un autre endroit pour me loger », explique-t-elle. Par ailleurs, l’un de ces « copains » aurait révélé ses véritables intentions. « Il m’a mise à la porte car j’ai refusé de coucher avec lui », affirme-t-elle. Sans compter les refus des amis qu’elle pensait proches. « J’ai téléphoné à une amie, explique Nadine. Je pensais qu’elle allait me dire oui tout de suite et en fait, elle a refusé de m’héberger. Je n’en reviens pas comme les gens sont égoïstes. Je suis abasourdie! »

Nadine n’a plus aucun contact avec sa famille: « Ce soir, je ne sais pas où je vais dormir, je vous le dis franchement »

Nadine est coincée: elle a le sentiment d’avoir épuisé toutes les options. Y compris la famille proche. « Je ne vois plus ma mère depuis 3 ans et je ne m’entends pas avec mes frères et sœurs, révèle-t-elle. Aujourd’hui, je ne sais pas où je vais dormir. Je vous le dis franchement. Sinon, j’irai à l’hôtel, je n’ai pas d’autres choix. Il me reste 100 euros sur mon compte et je vis avec ça ».

Une maison d’accueil lui ouvre ses portes

Mais un coup de fil lui permet de se mettre à l’abri: l’une des maisons d’accueil que Nadine a jointes une semaine plus tôt lui propose une chambre avec deux lits. « Une place s’est libérée très rapidement, j’ai vraiment eu beaucoup de chance, souligne-t-elle. Cela va me permettre de me poser pour chercher un autre logement plus stable et préserver l’avenir de ma fille de 6 ans ».

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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