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Migrants contre SDF? Le casse-tête de l’hébergement d’urgence

La porte d’Ulysse, le centre d’hébergement de la plateforme citoyenne, a fermé ses portes sans qu’une solution pérenne ne soit trouvée pour héberger les migrants en transit.

Les bénévoles se sont une fois de plus mobilisés mais cette fois, pour faire le ménage. Les 200 lits ont été descendus, les canapés et les matelas redistribués aux associations et logements dans le besoin. La cuisine et les stocks vidés. Depuis samedi, le centre d’hébergement d’urgence de la plateforme citoyenne, La porte d’Ulysse, a fermé ses portes. Jouxtant le centre d’hébergement de la Croix-Rouge, à Haren, l’ancien immeuble de bureau aura accueilli quelque 2.000 bénéficiaires pour un total de 25.350 nuitées en seulement cinq mois.

250 migrants renvoyés vers la rue

Il y a quelques semaines encore, les acteurs de terrain se montraient confiants : les discussions avec les autorités locales étaient encourageantes ; un compromis serait trouvé pour prolonger l’accueil dans des locaux plus appropriés. Et puis le 30 avril, date d’expiration du bail, est arrivé plus vite que prévu, sans solution pérenne. À l’hébergement citoyen de reprendre la charge de l’hébergement des 220 à 250 migrants accueillis chaque soir par la structure. L’alternative étant la rue.

Fin de la partie ? Pas forcément.

D’après nos informations, la Région a bien proposé de financer le prolongement de la porte d’Ulysse pour un budget de 600.000 euros mais s’est vue opposer un refus de la part de la plateforme citoyenne. Faute d’une réponse structurelle et globale au sans-abrisme, la plateforme craignait de se retrouver prise au piège : on acceptait de financer un lieu pour les migrants tout en maintenant la fermeture des centres pour sans-abri avec la fin du plan hiver. Migrants contre SDF ? Une position intenable.

« On ne peut pas trouver des moyens pour une population et pas l’autre, explique Mehdi Kassou. En tant qu’acteurs de première ligne, il est hors de question de faire le tri entre migrants et sans-abri, mais en même temps, on n’a pas les moyens ni l’expertise pour accueillir tout le monde. » Or les bénévoles observent déjà depuis quelques semaines que des personnes vulnérables à la rue sont peu à peu redirigées vers le parc Maximilien pour trouver un hébergement. Phénomène qui devrait s’accentuer avec la réduction de capacité d’accueil d’urgence qui va renvoyer un millier de personnes dans la rue d’ici au 2 mai. 300 ont été identifiées par le Samu social comme « particulièrement vulnérables ». « Ce qu’on espère, c’est qu’il y ait une réaction des autorités qui permette de prendre en charge les plus vulnérables », poursuit le porte-parole et coordinateur de la plateforme. De nouvelles réunions sont prévues cette semaine.

Le Fédéral aux abonnés absents

La Ville, qui finançait le loyer et les charges de la porte d’Ulysse, a assuré qu’elle maintiendrait son soutien à la plateforme citoyenne, sans donner plus de détail. Mais comme à la Région, on ne manque pas de pointer la responsabilité du Fédéral, compétent tant sur le sans-abrisme que pour l’accueil des migrants. Tenant d’une ligne stricte « Ils demandent l’asile ou quittent le territoire », la suédoise continue de bouder les discussions. La balle est à présent dans le camp de la Région.

« Le problème, c’est qu’on a beaucoup d’acteurs autour de la table qui n’ont pas le même agenda, regrette Pierre Verbeeren, directeur général de Médecin du Monde. Il y a beaucoup de bonne volonté, y compris des autorités, singulièrement de la Ville. Mais il faut le reconnaître, c’est un échec. Personne ne veut ou n’a les moyens de penser une solution globale pour les personnes à la rue. Et nous n’avons pas réussi à convaincre. »

 

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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