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SDF : l’impact du Covid-19 sur le rôle des centres d’accueil

Capacité d’accueil réduite, sorties culturelles interdites, détérioration des rapports avec les usagers… Comment les structures d’accueil pour les personnes en situation de précarité ont-elles affronté cette crise sanitaire ? Le Guide Social a mené l’enquête.

 

La pandémie a durement affecté les centres d’accueil et d’hébergement pour les personnes sans-abri, tant au niveau de l’organisation et du rôle du travailleur social que sur le plan relationnel avec les bénéficiaires. Toutefois, les associations ont fait preuve de ténacité et d’inventivité face à cette crise sanitaire. Voici leur témoignage.

Une capacité d’accueil a minima

En raison des mesures sanitaires, la capacité d’accueil des structures s’est plus qu’amoindrie. Ces associations, où l’accueil joue un rôle fondamental dans leurs missions, se sont retrouvées à limiter le nombre de personnes dans leur établissement. Le centre d’hébergement Pierre d’angle situé à Bruxelles, qui en temps normal offre une capacité de 48 lits, a dû se réduire à une liste de 30 personnes, les mêmes depuis le début de la crise.

Comme l’explique Sacha, éducateur de l’ASBL bruxelloise Jamais Sans Toit, “le centre de jour, censé accueillir les personnes pour leur permettre de se réchauffer et de boire tranquillement une boisson chaude, n’est plus qu’en mesure d’accueillir un nombre très limité de personnes, lesquelles ont un temps limite pour laisser la place à ceux et celles qui attendent leur tour dehors.”

La mission culturelle mise à mal

Dans le but d’offrir des moments de joie et de douceur, les associations poursuivent des missions culturelles, un rôle que les travailleurs sociaux tiennent à cœur. Or, à l’instar de la capacité d’accueil, les activités ludiques se sont réduites comme peau de chagrin. Sacha explique que “notre mission culturelle a été réduite à néant”. Même constat du côté de l’ASBL Nativitas.

Toutefois, l’association a pu, malgré plusieurs annulations, reprendre ses sorties culturelles comme les sorties au cinéma lors du déconfinement avec un nombre limité de places. Aujourd’hui plus que jamais, Xuan Nguyen, l’assistante sociale de Nativitas, tient à maintenir ces activités car “avec tout ce qui se passe, les gens ont envie d’avoir des moments de détente, d’amusement. J’essaie de dire oui parce qu’il y a beaucoup qui sont seuls et qui ont besoin de tout ça.”

Le lien social fragilisé

De par les obligations sanitaires comme le respect des distances sociales et le port du masque, la relation entre les bénéficiaires et les travailleurs a parfois été ébranlée. “La nature de notre travail s’articule autour de la relation humaine et celle-ci a été grandement fragilisée avec les mesures sanitaires liées à la crise du coronavirus”, s’inquiète Sacha. “Le lien social que les travailleurs et travailleuses du centre essaient de maintenir se fait de plus en plus léger, les visages masqués et les distances sociales ne facilitent pas la tâche des travailleurs.”

Moins de service social, plus de travail logistique

Le rôle du travailleur social, centré sur les rapports humains et l’aide à la personne, a fort changé. En effet, la crise sanitaire a gelé certaines démarches sociales avec la fermeture des services et la restriction des contacts tandis que les tâches logistiques liées au respect des règles sanitaires ont pris de l’ampleur. ”Le mot d’ordre principal a été l’application stricte des mesures d’hygiène et de protection”, explique Lila Derrouaz, travailleuse sociale de la maison d’accueil Escale. Cela a exigé une logistique lourde comme l’achat de matériel de protection, la désinfection des lieux, la limitation du nombre de personnes par pièce ou encore la réorganisation des repas.

Quant à Pierre d’angle, c’est surtout l’organisation de l’entrée des usagers qui a dû être revue : “On a dû adapter notre travail, les gestes barrières, les masques obligatoires, modifié les entrées. Les personnes entrent une par une ou deux par deux et se désinfectent les mains. Il y a eu une lourdeur plus importante dans l’entrée des usagers”, explique le directeur de l’ASBL.

Capacité à s’adapter

Malgré les complications liées au Covid, les associations ont fait preuve de créativité et ont réussi à s’adapter. C’est ce que constate Lila Derrouaz d’Escale : “Cette crise a mis en évidence notre capacité d’adaptation et de réaction rapide. La souplesse de notre fonctionnement et la cohésion de notre équipe nous ont permis de nous adapter continuellement aux contraintes extérieures et à nos réalités internes.”

Nativitas, qui a dû fermer son restaurant social, a su également trouver rapidement des solutions afin de continuer à soutenir les plus vulnérables : “Ma collègue a installé un système assez simple, une distribution à l’extérieur de soupe chaude et des sandwichs, café et dessert gratuitement”, explique Xuan Nguyen. Quant au vestiaire, puisque les contacts physiques sont interdits, l’association a mis en place un système de colis de vêtements à l’extérieur. “On leur fournit une liste de ce que nous avons et ils peuvent cocher une liste de dix articles. Ils viennent ensuite à l’heure demandée.”

Ainsi, malgré les dures épreuves causées par la crise sanitaire, les travailleurs et bénévoles sont restés solidaires et optimistes : “Tout le monde s’est serré les coudes. C’était vraiment quelque chose qui était marquant. C’était une solidarité qui se voyait et qui se ressentait. C’était vraiment quelque chose de positif”, conclut le directeur de Pierre d’angle.

 

Source : Guide social

 

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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